Ce texte n’a pas la prétention de couvrir tous les aspects du management à distance que cette période de confinement nous impose. Nous avons choisi d’en retenir 5 caractéristiques, plutôt négatives, en les complétant avec des éléments plus positifs, voire franchement réjouissants.
Rappelons qu’en chinois le mot « crise » s’obtient en réunissant deux idéogrammes qui, pris séparément, signifient « danger » (wei : le couteau au-dessus) et « opportunité » (ji : le moment à saisir, la chance suspendue).
C’est compliqué ! Attention aux risques ! | C’est plein d’opportunités : comme c’est intéressant ! |
---|---|
C’est inédit, un changement super brutal : le manager est pris au dépourvu, perd tous ses repères : il se rend vite compte que ce qui se passe n’a rien à voir avec la journée de télétravail qu’il s’accordait de temps en temps pour se concentrer, sans être dérangé, sur des dossiers de fond. |
Pour une fois le manager n’a aucune pression du genre « le chef doit savoir ». Lui aussi il découvre, comme tout le monde. Comme tous ses autres collègues managers : voilà d’ailleurs une bonne occasion d’échanger avec eux… Ajustons les objectifs, priorisons et réjouissons-nous de voir des changements si difficiles à mettre en place depuis 2 ans se réaliser en moins de 3 jours (!), comme par exemple l’adoption par toute l’équipe d’outils collaboratifs (agendas partagés, visioconférence, cloud,…). |
La dissolution du collectif. Comment maintenir un esprit d’équipe entre des collaborateurs qui sont « éclatés », chacun chez soi, et ne se voient plus, n’ont plus d’espace commun, plus de moments de convivialité (café, pauses, repas…) ? |
La tempête soude l’équipage. Cet isolement imposé renforce le besoin de se sentir reliés, tous connectés : les collaborateurs réclament les réunions, et sont même plus ponctuels que d’habitude (!). Café-Skype et repas-Zoom vont s’organiser spontanément… |
Une qualité de contact dégradée : l’abondance de l’écrit (mails) assèche la relation, le non-verbal et l’informel ont disparu. Avec la distance et la multiplication des outils informatiques, comment rester proche de l’humain et percevoir les signaux faibles de la démotivation de l’un ou le décrochage de l’autre ? |
Quelle belle occasion de s’intéresser vraiment à chacun : travailler une écoute sincère, sa patience, son acceptation, son empathie, son rôle de coach. Laisser le leader authentique prendre la place du manager gestionnaire. L’hyper contrôle et les procédures vont devoir s’effacer devant la délégation et la confiance. |
Le confinement augmente l’amplitude des différences : tout le monde n’a pas 2 ou 3 ordinateurs à la maison avec une super qualité de réseau, certains sont seuls d’autres ont une famille nombreuse. Et quid de ceux qui sont au chômage (total ou partiel) ? Sans compter que le vécu et le ressenti par rapport à cette crise sanitaire peut aller du « assez cool » au super stress voire au deuil d’un proche… |
« Le problème dans une équipe ce n’est pas la différence, c’est la rigidité » (surtout celle du manager). Voilà une opportunité extraordinaire de travailler sa flexibilité, sa souplesse, sa capacité d’adaptation, l’occasion de couvrir toute la palette des styles de management. |
La disparition des frontières entre vie personnelle et vie professionnelle. |
Et oui : le manager est aussi un papa, le contrôleur de gestion a un poster de Bob Dylan… Chic : Il y a des êtres humains derrière les fonctions ! Sans compter que, pour le reste de la famille, voir le papa ou la maman travailler donne enfin l’occasion de comprendre un peu mieux en quoi consiste son métier, à qui et à quoi ressemblent ses collègues, ses contraintes, ses soucis, ses motifs de satisfaction… Il était temps de se découvrir tout entier ! |
Entre le stress de l’hyper-connexion et le lâcher prise du chat… A vous de trouver le bon dosage, le juste (Empire du) Milieu !