Ensemble, soignons l’absentéisme

Préface de Denis Olivennes, Directeur général & co-gérant de Libération

Les dernières statistiques de l’OCDE l’ont encore montré : la France est le pays développé qui travaille le moins, si l’on rapporte les heures travaillées à la totalité de sa population.

« Qui travaille le moins ? Vous vous moquez de nous ! » dirons les salariés dont beaucoup ont le sentiment de se tuer à la tâche. Et, de fait, nos statistiques de productivité par tête ne sont pas si mauvaises.

Moins de travailleurs mais qui produisent beaucoup chacun !

Nous entrons plus tard sur le marché du travail (pas assez d’éducation en alternance). Nous en sortons plus tôt (âge précoce de départ en retraite). Nous avons moins de temps partiels qu’ailleurs, c’est à dire moins de « boulots d’appoint ». Et puis, plus de chômage.

Cette étroitesse de la population active est un drame : elle affaiblit notre croissance, donc elle accroît notre chômage, ralentit les gains de pouvoir d’achat, freine les recettes publiques, nous conduit à accroître impôts et dette. Le malaise français est enraciné là.

Et cela vient notamment d’une difficulté qui nous est propre : nous avons dévalorisé le travail.
Nos élites progressistes considèrent depuis longtemps que le travail est une malédiction capitaliste, une aliénation marchande dont il faut sortir pour libérer l’homme. La société juste est à leurs yeux une société des loisirs.

Et, de l’autre côté de la hiérarchie sociale, chez les travailleurs de base, on souffre du peu de souci pendant si longtemps des managers de la qualité de vie au travail. Cela ressort de nombreuses enquêtes : les Français aiment le travail mais ils n’aiment pas leur travail.

L’absentéisme est certainement un condensé des maux français, un symbole et un symptôme.
Si nous voulons accroître nos forces productives, il faut réconcilier les Français avec le travail. Lutter contre l’absentéisme est l’un des éléments du puzzle. Merci à Anne France Lucas de se pencher sur lui avec sérieux et volonté constructive.