Faut-il craindre le retrait des salariés au moment de la reprise du travail ?
L’une des grandes questions que peut légitimement se poser tout employeur dans la reprise du travail est de savoir qui, parmi les collaborateurs, va exercer son « droit de retrait » de manière officielle ou de manière détournée (par des arrêts de travail prescrits par leur médecin). Nous savons tous que l’exercice du droit de retrait est une démarche individuelle du salarié face à un danger grave et imminent. En quoi reprendre le travail avec ses collègues et/ou face à des clients représente un danger grave et imminent dans un contexte de pandémie ? Comment ce danger peut-il être écarté ? Quelles précautions doit prendre l’employeur ? Le gouvernement a donné des pistes de réponses, mais il reste encore beaucoup de points d’interrogation.
L’idée n’est pas ici de répondre à ces questions, mais plutôt de s’interroger sur les comportements des salariés.
Trois types de comportements possibles face à la reprise du travail
Heureusement, beaucoup d’entre eux seront heureux de reprendre le travail à la fois parce que le confinement leur a pesé, parce qu’ils aiment leur métier, qu’ils apprécient leurs collègues et leur entreprise et qu’ils s’y sentent utiles. Mais trois catégories pourraient réagir de façon moins positive.
La première catégorie regroupe des personnes qui s’inquiètent pour leur santé. Nous ne sommes pas égaux par rapport à la perception du risque. De manière légitime ou non, nos peurs sont différentes. On ne peut que le respecter. Pour cette catégorie, il va falloir rassurer, donner des garanties et envisager des marges de manœuvre pour retrouver des solutions apportant de la sérénité. Cette façon de faire demander de l’écoute et de la compréhension. On peut même parler de bienveillance.
Une deuxième catégorie peut vouloir afficher une réaction, une opposition, voir le sentiment d’une dette morale à l’égard de l’entreprise. Hormis pour les plus radicaux d’entre eux, leur reprise du travail relève davantage de l’expression des non-dits, du débat sur les irritants et de la définition d’un nouveau pacte sur les conditions de travail.
Une dernière catégorie pourrait chercher à profiter de la situation pour ne pas reprendre le travail. Même très minoritaire, ce type de comportement peut apparaître.
Fondamentalement déloyaux au plan moral, il faudra user du cadre réglementaire pour agir. Quand tous les arguments du droit de retrait seront tombés, ces collaborateurs ne pourront que revenir travailler.
Pas seulement un changement de logique de management, mais aussi un changement de posture managériale
Quelles que soient les réactions de vos collaborateurs par rapport à la reprise du travail, trois leviers apparaissent : écouter, dialoguer, mais aussi affirmer. Écouter les inquiétudes et les peurs et les respecter. Dialoguer sur les conditions de reprises et cela, le temps qu’il faudra pour répondre aux incertitudes. Affirmer (voire imposer) les modalités de reprise pour « tenir le cadre » en garantissant le maximum de sécurité.
On voit bien que pour relever ce défi, la posture des managers va être déterminante. Il va donc s’agir de les accompagner en affichant un discours clair de la part de la direction, en les écoutant sur leurs propres doutes et leur donnant les clés pour adopter la bonne posture.